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Le Marais: du quartier juif au quartier homosexuel.

23 février 2007

L'installation des communautés juives et

L'installation des communautés juives et homosexuelles dans le quartier du Marais peut-elle s'expliquer par des raisons historiques et sociologiques semblables ? C'est la question principale que nous nous sommes posées durant ce tpe. Ces deux communautés ont-elles eus les mêmes objectifs, les mêmes envies, les mêmes perspectives en venant dans le Marais? Nous avons tenté de répondre à toutes ces interrogations en analysant étape par étape ces immigrations.

          Bonne visite et surtout  n'oubliez pas de cliquer sur les images pour en profiter au maximum!!!

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23 février 2007

Introduction: Le nom du Marais a une origine

Introduction:

Le nom du Marais a une origine géographique. La Seine n'a pas toujours eu son lit actuel et fut autrefois un fleuve plus large qu'aujourd'hui. Il y eut souvent des inondations. Les terrains près de la Seine, formant une sorte de petite vallée, ont été transformés en véritable marécage. C'est la raison pour laquelle on l'appellera le Marais.

Aujourd’hui le quartier du Marais a une acceptation géographique plus large.

Il s’étend de la Bastille à la République et de Beaubourg à la Seine.

Longtemps quartier dédié à l’aristocratie, il fut abandonné par celle-ci et devint un quartier populaire accueillant d’abord une population d’ouvriers et d’artisans, puis d’immigrants juifs et enfin la communauté homosexuelle de Paris. C'est de ces dernières installations: celle des juifs et des homosexuelles dont nous allons parler dans notre tpe.

Nous tâcherons de répondre à la problématique suivante:

L'installation des communautés juives et homosexuelles dans le quartier du Marais peut-elle s'expliquer par des raisons historiques et sociologiques semblables?

Après avoir montrer l'aspect historique et sociologique de leur installation, nous démontrerons que d'autres raisons, notamment architecturales et culturelles, expliquent l'arrivée des homosexuels et des juifs dans le quartier.

Nous avons ainsi le plan suivant:

Premier axe: Des raisons sociologiques font naître des similitudes entre l’installation des communautés juives et homosexuelles dans le Marais.

Avec comme première sous-partie: L’ancrage des juifs et des homosexuels dans le quartier du Marais est lié à une stigmatisation, un sentiment d’exclusion commun et en deuxième: un esprit de communautarisme.

Deuxième axe:  Les raisons architecturales et culturelles.

La première sous-partie est consacré au phénomène de gentrification.

La seconde à un phénomène de capacité/possibilité commerciale.

et la troisième au développement d’un Marais artistique, déjà présent.

Vous trouverez à la fin de notre tpe la bibliographie ainsi que des photos que nous avons prises à l'occasion de nos visites dans le Marais. Bonne visite!!!!

23 février 2007

Première partie: Des raisons sociologiques font

Première partie: Des raisons sociologiques font naître des similitudes entre l’installation des communautés juives et homosexuelles dans le Marais.

A/ L’ancrage des juifs et des homosexuels dans le quartier du Marais est liée à une stigmatisation de la société, un sentiment d’exclusion commun

1/ Un sentiment de mal être ressenti par ces deux communautés.

Chez les juifs, les premiers signes d’exclusion remontent au XIVème siècle, lorsqu’ils furent chassés des pays de l’est (Ashkénazes). Une majorité de juifs se réfugient en France où ils ne trouvent pas un accueil chaleureux. Ils sont exclus de presque toutes les professions artisanales et agricoles, ainsi que des métiers à charge noble (enseignants, avocats,…). Ils ne sont tolérés que comme usuriers ou prêteurs sur gages, activités qui étaient interdites aux Chrétiens.

250px_Isabelle_la_Catholique__1_En France les juifs vont être persécutés sous Philippe le Bel (en 1306) et par Charles VI en 1394.En Espagne l’Inquisition mené par Isabelle la Catholique, en 1492 entraîne le départ des juifs d’Espagne qui se réfugient dans un premier temps dans l’empire ottoman puis en Europe Occidentale (Allemagne et France). Cette Inquisition est à l'origine de leur arrivé en France.                                                                                                                                                 

 A la fin du XIXe siècle, qui est devenue la « Belle Époque » , des artistes juifs paraissent s’ouvrir à la modernité, comme s’ils annonçaient déjà l’explosion qui va caractériser le siècle suivant. Une grande collection d’art juif illustre cette naissance. Celle notamment d’Isaac Strauss, d’origine alsacienne, lequel a rassemblé des objets de culte issus de l’Europe entière. Ils furent présentés à l’exposition universelle de 1878. Mais comme à cette époque la vision moderne est une vision marginale, les rares artistes juifs sont exclus, comme leurs semblables.

Paris_TPE_029Les juifs sont également la cible d’exclusion sur le prétexte usuel des différences vestimentaires et alimentaires. Les juifs affirment librement leur religion dans leur manière de se vêtir et dans leur alimentation. Ces coutumes religieuses sont souvent vues par les catholiques comme des « accoutrements ridicules », ce qui prouve une fois de plus l’exclusion renforcée des juifs dans le territoire français.

 Tout au long du XXème siècle, la communauté juive continue de s’installer en France, et notamment dans le quartier du     Marais, à Paris et ce de manière relativement lente, mais constante. Fuyant les persécutions orchestrées par les Tsaristes, les pogroms et la misère, les Juifs d’Europe Orientale arrivent en France entre 1881 et 1939.

Ils viennent de petits villages moyenâgeux de la Bessarabie russe, de la Galice austro-hongroise, de la Pologne ou encore de la Lituanie, ils veulent gagner l’Amérique et s’arrêtent à Paris.img001

C’est l’époque, au XIXème siècle, en France, des campagnes antisémites menées par Emile Drumont, Alphonse Daudet avec la France juive, La Libre Parole puis l’affaire Dreyfus qui divise la France et renforce l’exclusion des juifs de la société. Les antisémites dénoncent le « complot juif ».                                 

Entre les deux guerres, une autre vague d’immigration, beaucoup plus importante, venue d’Europe de l’Est, concernent essentiellement ceux qui fuient les dictatures et la répression policière (Pologne, Roumanie, Hongrie, Bulgarie) mais aussi la misère due à la crise de 1929.                                                       

           Chez les homosexuels, ce sentiment de mal être répond à un sentiment de danger. Ils se sentent agressés par le monde extérieur qui les marginalisent et les rejettent à cause de leurs différences (orientation sexuelle, façon de s’habiller, centres d‘intérêts..). Dans certains milieux l’homosexualité demeure encore une honte. Ce rejet peut parfois entraîner une autodestruction allant même jusqu’au suicide.

Dues aux pressions sociales, familiales ou identitaires, 30% des jeunes homosexuels ont déjà fait une tentative de suicide. Ce taux est quatre fois plus élevé que chez les hétérosexuels du même âge. En effet, l’homosexualité, bien que de plus en plus acceptée, reste très difficile à vivre dans les sociétés actuelles où le modèle dominant reste l’hétérosexualité. La plupart de ces tentatives de suicide chez les homosexuels ont lieu pendant la période de découverte de l’homosexualité. Le soutien familial est parfois absent dans cette période délicate. Au sein de la famille et de la société, les homosexuels sont souvent vus comme des marginaux, ce qui explique en partie le taux de suicide relativement élevé chez cette communauté. Les orientations sexuelles spécifiques de la communauté vont à l’encontre de ce qui est enseigné. Les homosexuels se sentent ainsi différents de ce que la nature permet, et ont alors l’impression d’être exclus de part leur différence.

L'homophopie témoigne également de ce problème d'exclsuion, elle peut même expliquer cette marginalisation personnelle homosexuelle.

2/ Des événements et des manifestations démontrent que ces deux communautés sont à part, voire exclues de la société.

- Affaire Dreyfus : 1894-1899 :

Ce fut une des plus grandes crises politiques et morales de la IIIème République, qui déchaînaDreyfusDet l'opinion publique de 1896 à 1899 sur la culpabilité du capitaine d'origine juive Alfred Dreyfus, condamné à tort pour espionnage. Au-delà du scandale judiciaire, "l'Affaire" révéla un antisémitisme profond et mis en exergues l’exclusion de cette communauté par la population, mais aussi par l’Église. Ce qui choque à l’époque c’est que Dreyfus ait été, jusqu’à son procès accusé par l’ensemble des institutions et notamment l’Église. C’est d’ailleurs ce qu’à dénoncé Emile Zola dans sa lettre « J’accuse »,      
parue en 1898, où l’écrivain blâme les responsables directs de cette crise.

sida -Le problème d’exclusion à propos du SIDA :

la communauté homosexuelle souffre depuis sa « libéralisation » d’une exclusion évidente dans le domaine de la santé. En effet, ils se sont vus interdire par une circulaire de 1983 le droit de faire don de leur sang. Celle-ci ne concerne que les homosexuels hommes ayant des partenaires multiples. Les homosexuels sont ainsi victimes de discrimination, victimes de stéréotypes négatifs les empêchant alors d’exercer librement et en bonne conscience leur droit civique. Leur droit de citoyen se voit donc restreint.

-Manifestation des homosexuels avec la Gay Pride :

La Marche des fiertés, traduction du terme Gay Pride, qui demeure beaucoup plus utilisé en françaisGayPrideCD_front, est une manifestation qui prône la tolérance et l'égalité pour tous les homosexuels, bisexuels et transsexuels. Pour faire mentir l'adage qui prétend que pour vivre heureux il faut vivre caché, les participants des diverses Marches des fiertés affichent sans complexe leurs orientations sexuelles. Cette manifestation témoigne de la réunion massive d’une même « catégorie » de personnes: la gay pride est réservés aux
homosexuels. Elle symbolise donc un sentiment général d’exclusion qui mène au communautarisme.

- Symboles par exemple le Raimbow Flag pour les homosexuels :

Il est vraisemblable que le choix du drapeau arc-en-ciel comme symbole de ralliement de la communauté homosexuelle soit une référence à la chanson rainbow_flagOver the rainbow chantée dans le film The Wizard of Oz(Le magicien d'Oz) par l'actrice Judy Garland, icône gay dont l'enterrement a indirectement provoqué les émeutes de Stonewall (que la gay Pride commémore chaque année). Une autre théorie explique ce choix par la diversité des couleurs en symbole des différentes orientations sexuelles. Dans tous les cas, ce drapeau a été choisi pour représenter une part spécifique de la population, les homosexuels. Il démontre dans une certaine mesure que les homosexuels sont différents et qu'ils doivent pouvoir se reconnaître entre eux.

B/ Un esprit de communautarisme. 

1/ Une volonté de se regrouper pour se protéger :

Les replis communautaristes, comme réflexes de défense.

Victimes d’exclusion et de rejets, ces deux groupent sociaux développent une volonté de se mettre à l’abri et de se protéger ensemble contre les autres. On peut associer cela à un sentiment de solidarité.

Le quartier, où ils se regroupent devient donc un lieu commun de sécurité, avec le risque qu’il apparaisse comme un refuge voire un ghetto. Ce terme a été repris par les sociologues de l’École de Chicago, pour définir les lieux d’habitations des minorités.

A travers le ghetto on assiste à la reconstruction d’une identité collective.

Ainsi le quartier du Marais, qui regroupe une forte concentration de ces deux communautés, peut être parfois associé au terme de ghetto juif ou ghetto gay.

Les juifs se sont regroupés à un moment du Moyen –Age car le Marais a d’abord été pour eux un refuge. Les juifs vivent alors les uns avec les autres, se protégeant mutuellement.

On peut donc parler de ghetto. Ce terme ne vient cependant pas de leur installation dans le Marais, même s’il parait assez juste de l'employer pour ce quartier marqué par un fort communautarisme juif. Le ghetto juif a définit une identité commune juive, le Marais s'est vu transformé par ces coutumes représentatives. Aujourd'hui, ce terme de ghetto juif est très peu employé, on considère même qu'il est incorrect puisque le Marais ne vit plus selon des habitudes juives.


ghetto_cantineEn effet le nom provient du ghetto juif de Venise dans le quartier de Cannaregio. La résidence dans
ce quartier fut imposé et réservé aux juifs sous la République de Venise. Il a été successivement agrandi, ajoutant au Ghetto Vecchio des origines le Ghetto Novo puis le Ghetto Novissimo.


A Paris, le havre pour la communauté juive depuis le 13ème siècle était le Marais (la traversée du Marais est semble t-il une étape obligée du parcours du Juifs français, point de départ ou retour aux origines). Là bas les plus démunis y trouvaient de l'aide et tentaient de se protéger des inépuisables accusations de saleté, de promiscuité et de fanatisme dont ils faisaient l'objet. Ils bénéficiaient d’une aide de leurs semblables. Cette protection assurait alors aux juifs une sorte « d’appui » moral : en étant ensemble, en se sentant solidaire, les juifs du Marais pouvaient se réfugier et se sentir ainsi moins exclus de la société.

Malheureusement il devint pendant la guerre un guêpier qui permit aux autorités d'arrêter un très Paris_TPE_038grand nombre de personnes aux cours des rafles. L’année 1942 est l’année où les juifs ont le plus souffert de cet ostracisme, puisque c’est en 1942 que le plus grand nombre de juifs furent déportés vers les camps. Sur les 235 enfants raflés le 16 juillet 1942, seuls quelques-uns réussirent à en échapper grâce à un « Juste », Joseph Migneret, le directeur de l’établissement des Hospitalières Saint-Gervais.        

    

 Pour les homosexuels, cet esprit de communautarisme est en partie dû à une situation cœrcitive. Dans les années 1970, l’installation de bars gays, dans la rue Saint- Anne, dérangent, la police et la presse bien pensantes s’acharnent, les établissements ferment. Face à la pression sociale, ils sont donc contraints, quelques années plus tard (1980) de partir et c’est le Marais qu’ils choisissent, l’un des rares lieus où ils sont tolérés, reconnus et acceptés pour ce qu’ils sont. Cependant, même si le seul havre de paix parisien pour les homosexuels demeure le Marais, certaines actions font entretenir l’auto stigmatisation, plutôt que l’intégration.                                                                                              

L’existence d’un ghetto peut donc en quelque sorte se justifier. 

Le terme « ghetto » ne se limite pas, chez les gays, strictement à un quartier car il est plus largement employé pour traduire le style de vie d’individus qui n’existeraient qu’au sein de réseaux.


Photo_059L’apparition de drapeaux gays aux devantures des bars, la multiplication des collections littéraires gays, le développement de « Gay and Lesbiens studies », peuvent, ainsi être des indices d’un repli identitaire des gays français, eux-mêmes se considérant donc comme une communauté à part entière.

Cependant ce terme de communautarisme est à nuancer, il décrit plutôt, une recherche de sécurité, un espace refuge, un lieu identitaire.

On assiste, actuellement à un net déclin du communautarisme par rapport aux années 90 Photo_058durant lesquelles la peur liée à l'épidémie du sida, renforcéé par l'absence de droits pour les couples homosexuels, incitait ces derniers à se regrouper autour de positions communautaires plus radicales.                                                             

2/ Une volonté de se regrouper pour lutter.

Chez les juifs, l’antisémitisme dont ils sont victimes, depuis de nombreux siècles tend à les regrouper, au même titre que les homosexuels face à leurs difficultés d’intégration.

La communauté juive a souvent essuyé des rejets qui remontent à la nuit des temps. Il n'y a alors pas encore d'Etat juif, ce qui explique l'infériorité qu'elle génère. Les juifs doivent faire face aux stéréotypes de la population catholique : ils sont perçus comme riches, et sont « accusés » de détenir une majorité de la fortune nationale. Les juifs sont des victimes définies de l’Etat, de la société, et même de l’Église. Cette « haine » envers les juifs entraîne un sentiment de rébellion de cette communauté.

De plus, les juifs ont longtemps été considérés coupables de la mort du Christ.

C’est donc dans un but commun de se défendre et de protéger des intérêts que les juifs se sont regroupés dans un même quartier.

175px_Arcadie_cover_1975Jusque dans les années 1960, le mouvement homosexuel se cantonne essentiellement à des groupes homophiles tel qu’Arcadie. C’est véritablement à partir des années 1970 que l’espace communautaire va devenir un espace de lutte,
s’appuyant naturellement sur l’héritage de mai 68 et du   
mouvement féministe.

Quelques années plus tard, la communauté homosexuelle va connaître un tournant majeur dans son histoire. Le SIDA apparaît en pleine désagrégation du mouvement homosexuel. En France, il devient un problème d’ampleur nationale vers 1987-1988.

Émergent alors les premiers débats sur l’épidémie dans les bars homosexuels parisiens. Paradoxalement le SIDA va ressouder la communauté gay qui tend à se replier davantage sur elle-même. 

Ensembles, ils souhaitent ainsi se défendre et lutter contre l’homophobie et les rumeurs de séropositivité systématique dont ils font l’objet.

Les juifs comme les homosexuels ont donc, à un moment de leur installation, été exclus de la société. C'est cette exclusion qui est à l'origine du communautarisme de ces deux communautés, celles-ci voulant à tout prix se regrouper pour se protéger.

L’exclusion et le communautarisme, qui sont des facteurs sociologiques, peuvent donc expliquer en partie l’arrivée de ces deux communautés dans le Marais. Cependant, d’autres raisons peuvent être à l’origine de leurs installations successives dans le même quartier.

21 février 2007

Deuxième partie: Des raisons architecturales et

Deuxième partie: Des raisons architecturales  et culturelles  peuvent également expliquer leur installation.

A/ Le phénomène de gentrification comme accélérateur de l’évolution du quartier.

1/ Comment s’explique ce phénomène ? 

 

Paris_TPE_019C’est dans un premier temps un phénomène de départ des populations pauvres avant d’être, dans un second temps, un phénomène d'attraction  pour des populations plus aisées. La gentrification est donc une transformation de la composition sociale des résidents d'un quartier. 

Avec un rapport qualité prix intéressant, souvent situé en centre-ville et offrant des pôles générateurs d’emplois et/ou d’attraits culturels, c’est ainsi que la communauté homosexuelle a investit dans le Marais, faisant ainsi monter les prix.

Il existe une « économie rose » : les homosexuels ayant souvent des moyens financiers supérieurs à la moyenne de la population, une capacité de financement importante.

En France, un secteur sauvegardé est une zone urbaine soumise à des règles particulières en raison de son « caractère historique » , esthétique ou de nature à justifier la conversation, la restauration et la mise en valeur de tout ou une partie d’un ensemble d’immeuble bâtis ou non ( code de l’urbanisme, art. L. 313-1). Ces secteurs comprennent en particulier les centres historiques de nombreuses villes françaises.

Les secteurs sauvegardés résultent de la loi du 4 août 1962, dite loi Malraux. Deux lois précédentes contribuèrent déjà à la protection du patrimoine : la loi du 31 décembre 1913 traitait seulement des monuments historiques et la loi du 25 février 1943 de leurs abords.

L’objectif de Malraux, alors ministre de la culture était beaucoup plus large puisqu’il s’agissait de 150px_Malrauxpréserver l’aspect de quartiers entiers à tous les niveaux pertinents : façades, rues, cours, toitures… La loi voulait en même temps adapter ces quartiers à la vie moderne afin d’éviter d’en faire des musées en plein air. Pour y parvenir, elle mettait un vaste éventail d’actions à la disposition de l’État : rénovation de bâtiments, amélioration de la voirie, création de petits espaces verts, voire la création de parkings dans les cours intérieures : la loi a sauvé la personnalité ainsi que la particularité du quartier. Cela dura longtemps avant que Paris ne découvre ce patrimoine de valeur. Lorsqu’on commença à rénover le Marais, tout le monde fut fasciné par le charme de ce quartier oublié. Ce fait encouragea les politiciens et les architectes à continuer dans cette direction.

photo_ass " L’association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique ". L’organisation privée qui fut fondée en 1963 s’engage à promouvoir, protéger et faire connaître les quartiers anciens de Paris, notamment le quartier du Marais. Ses actions visent premièrement à la sauvegarde par le moyen de campagnes d’opinion publique et des interventions auprès des personnes à haute responsabilité pour empêcher des destructions ou des constructions déplacées. Le deuxième but de l’association est la mise en valeur, c’est- à dire la restauration des bâtiments anciens. L’association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique et l’organisation chaque année du Festival du Marais créèrent un mouvement d’opinion nécessaire à l’entreprise colossale de réhabilitation.

La fondation du Festival théâtral et musical du Marais en 1962 aida aussi à attirer l’attention de Paris et du monde entier sur ce quartier. Avec cet évènement, l’association (un petit comité à l’époque) réussit à montrer aux politiciens et à d’autres hommes de responsabilité qu’il est nécessaire de restaurer le Marais, un quartier aux grandes richesses.


B/ Un phénomène de possibilité commercial.

1/Le développement du commerce.

Grâce aux locaux disponibles et aux prix raisonnables, les communautés juive et homosexuelle vont s’installer dans le Marais et y développer le commerce. La confection pour les premiers, les bars, restaurants, boutiques et galeries d’arts pour les seconds.

La présence juive, déjà amputée par les déportations, diminue encore avec le départ des artisans Paris_TPE_023et des entrepreneurs. Du Marais juif, seule la rue des Rosiers et quelques rues adjacentes continuent à représenter la communauté par ces devantures de restaurants et autres magasins d’alimentation. C’est à la même époque qu’arrive la dernière vague d’immigration dans le Marais avec les juifs nord-africains, les « Sépharades », qui vont donner à la rue des Rosiers la couleur qu’on lui connaît. Ils se sont insérés dans les professions occupées dans le passé par lesParis_TPE_015 immigrés ashkénazes, comme la confection.

Les possibilités commerciales du Marais, liées au phénomène de gentrification ont attiré les homosexuels. En effet, dans les années 1980, le quartier est en rénovation, beaucoup d’établissements commerciaux sont en vente et les prix sont très bon marché. Les homosexuels sont alors à la recherche de bars donnant sur la rue afin d’avoir une visibilité dans la ville pour insérer la vie homosexuelle dans la vie quotidienne et la banaliser. Cela se concrétisera avec l’ouverture du premier bar gay : rue du Plâtre en 1978. Cette installation va accélérer le phénomène de Photo_053réhabilitation et de redynamisation du quartier .En France s'est donc produit un phénomène inverse au phénomène américain.

L’attrait des homosexuels pour les bars de nuits, qui sont des lieux protégés, a permis de développer ce quartier en tant que quartier homosexuel. Ils aiment sortir, faire la fête, danser, voyager. Le Marais représente alors pour les homosexuels un fief : c’est là-bas que se concentrent leurs principales activités, leurs vies. 

C’est une communauté qui compte une forte représentation de cadres, de professions libérales et artistiques. Son pouvoir d’achat est de 30% supérieur à la moyenne des français. Ils ont donc une forte propension à consommer notamment pour les loisirs et la culture, entretenant le culte du corps et de l'esprit. Photo_057

Sans enfants, ils ont une répartition de leurs dépenses très différente du couple hétérosexuel moyen. Ainsi ils vont deux fois plus souvent au cinéma et fréquentent 10 fois plus les salles de gym. Ils aiment, également sortir, faire la fête, danser, voyager, faisant la joie des lieux de vie. Des commerces se sont spécialisés sur cette clientèle à fort pouvoir d’achat.

Par exemple des voyagistes proposent des séjours conçus pour les homosexuels, des restaurants, des hôtels, des night clubs ou encore des agences de rencontre ciblent leurs attentes.

On assiste donc à un véritable business « rose ».

La communauté homosexuelle constitue un excellent terrain d’étude pour les expériences marketing Photo_005(cosmétiques pour hommes). Les homosexuels sont alors, souvent, considérés comme des « early adopters » toujours à l’affût de la nouveauté et de l’originalité. Leur pouvoir d’achat leur permet de s’intéresser de près au design et aux créateurs, de dénicher ainsi de nouvelles tendances. Un produit ayant passé avec succès le test auprès de cette clientèle a dePhoto_046 bonnes chances d’être une réussite auprès du grand public. Ils ont ainsi réussit à développer les boutiques dePhoto_027 mode au sein du Marais, très visibles dans le rue des Francs-Bourgeois et Rue de Rivoli, deux rues bondées de boutiques. Par exemple le cas de la marque de sac Martial Viahero, adoptée par les homosexuels et devenu un succès avec 300.000 exemplaires vendus.


Les homosexuels intéressent également les fabricants de cosmétiques pour hommes. Beiersdorf a ainsi passé un partenariat avec le portail gay.com pour diffuser à la fois des échantillons de sa gamme Q10 signée Nivea for men et des questionnaires dans le quartier parisien du Marais. Les réponses permettront à la marque d’améliorer ses produits: une étude qualitative à l’échelle d’un quartier, quelle marque n’en a pas rêvé ?


2/ Le développement des logements.

L’état des logements est une des raisons de l’installation successive des juifs et des homosexuels dans le quartier du Marais.

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Pour les premiers, la présence d’ateliers de textile depuis le Moyen- Age ainsi que l’insalubrité des locaux, les ont conduits à investir ces habitats. Ces immigrants, sans ressources trouvaient là une alternative à leur pauvreté.

A partir des années 80 ce quartier voit l’arrivée d’une nouvelle communauté. Les homosexuels, à la recherche de locaux pour ouvrir des bars et des restaurants s’y installent, attirés par des prix alors raisonnables.

A cette époque le quartier est en pleine rénovation. La communauté homosexuelle a donc participé, également au un phénomène de gentrification.

Ces mesures permettront au Marais de connaître un renouveau.

C/ Le développement artistique du Marais 

C’est entre 1960 et 1980, que le Marais, devient le point de rencontre de nombreux artistes. DesPhoto_011 poètes, des peintres, des sculpteurs, des écrivains viennent y chercher leur inspiration et y déposent « leurs valises ». Les ateliers d‘artistes, les galeries de peinture, les cafés branchés, les salons de thé, envahissent le quartier, et contribuent, ainsi, à le qualifier de « quartier littéraire et artistique ». Cet environnement culturel va attirer la communauté homosexuelle férue de culture et de mode.

De nombreuses expositions, de peintures, de photos, de sculptures vont assurer le rayonnement artistique du Marais et amener le grand public à découvrir ce quartier insolite de Paris.

Le reportage Paris des années folles en 1980 contribua également à l’installation ides homosexuels dans ce quartier qui s’y sentaient reconnus et en sécurité.

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A partir de ce moment les activités culturelles ont connues une forte croissance dans ce quartier. Citons notamment: Benn. Paysages et visages
de Paris(1986), Le Palais-Royal(1987), Journal universel. L'Illustration. Un siècle de vie française(1987), Madame de Sévigné, Robert Doisneau(1995), Arts sur tables(2000).


L’engagement, le dynamisme et le professionnalisme des galeristes du Marais en font dPhoto_009es acteurs culturels essentiels tant en France qu’à l’étranger. De nombreux événements en témoignent.

C’est ainsi qu’une soixantaine de galeries d’art contemporain se sont associées pour créer les Nuits du Marais. Le Marais se modernise et devient alors, pour deux soirs, une scène où galeristes et artistes invitent le public à découvrir toute la richesse de la création contemporaine.

centre_georges_pompidou


Outre les galeries, ateliers d’art contemporain, le Centre Georges Pompidou, inauguré en 1977, a été l'un des lieux phares ayant contribué, de par sa programmation artistique, à l'attractivité de la communauté homosexuelle.


 

Cet attrait culturel peut également s’expliquer par la richesse des monuments historiques présents Photo_030dans le quartier du Marais. Le périmètre délimité par la place de la Bastille, Beaubourg, la place de la République et la Seine, regorge de nombreux musées: le Musée Carnavalet, le Musée de l’Histoire de Paris, le Musée Picasso, le MuséeParis_TPE_013 d'art juif, la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris et bien sûr le Centre Georges Pompidou.

La maison de Victor Hugo, place des Vosges constitue également une source importante de l’esprit littéraire du Marais.

Le Marais compte également un grand nombre d’hôtels, construits par des aristocrates lors de l’édification de la place des Vosges ancienne Place Royale. 

Photo_006Citons: l’Hôtel de Beauvais, l’Hôtel d'Aumont, l’Hôtel de Sully ( construit entre 1625 et 1630 pour un riche financier, acheté par Sully en 1634), l’ Hôtel du Marais, l’Photo_034 Hôtel du Vieux Marais, l’Hôtel de Sens (forteresse du Moyen-âge construit entre 1474 et 1519 pour l’évêque de Sens), l’Hôtel de Montmor (construit entre 1623 et 1630 pour Jean de Montmor, trésorier des guerres) ou encore l’Hôtel d'Albret (Direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris).


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La plupart de ces ex hôtels particuliers ont été transformés en musées: l’Hôtel de Sully, consacré à la photo, l'hôtel Salé, devenu le musée Picasso, l’Hôtel Lamoignon, le musée Carnavalet, relié avec l’Hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau par une galerie…. 


    La richesse architecturale et culturelle qu’offre ce quartier est également à l’origine de l’arrivée des juifs et des homosexuels. Ces derniers ont participé au développement d’un Marais artistique où galeries et musées fleurissent de jour en jour.


Conclusion:

La similitude des situations dans lesquelles étaient les communautés juives et homosexuelles (persécutions, rejets de la société, mises à l’index) ont conduit celles-ci à se regrouper et à s’installer dans ce quartier de Paris qui était alors déshérité et en voie de réhabilitation. 

Néanmoins il existe des divergences dans l’approche du quartier par ces communautés. La communauté juive s’est constituée autours de commerces et d’artisanat liés à la confection, alors que la communauté homosexuelle s’est tournée vers les lieux de vie (bars et restaurants) et les galeries d’art.

Rupture et continuité vont donc de pairs dans ces installations: les juifs se sont installés selon des courants d'immigration plus ou moins imporatnts et selon des époques diversifiées. Cependant leur présence a été sans constante dans ce quartier, même aujourd'hui cette communauté reste importante aux alentours de l'ancien Pletzl.

Les homosexuels ont, eux aussi, "eus recours" au modèle d'installation de manière constante ou changeante. Après une brève installation en 1880, ils ont ensuite changé de lieu d'habitat pour finalement revenir un siècle plus tard dans le Marais s'ancrer de manière constante.









21 février 2007

Glossaire: - antisémitisme: racisme dirigé contre

Glossaire:

- antisémitisme: racisme dirigé contre les juifs

- communauté: groupe social dont les membres vivent ensemble, ou ont des biens, des intérêts communs.

- ghetto: mot d’origine italienne qui désigne, à l’origine, le quartier de résidence forcé des juifs à Venise. Par extension, c’est le lieu où une communauté vit séparer du reste de la population.

- homophobie: hostilité envers les homosexuels.

- inquisition: tribunal ecclésiastique créé en 1478 pour réprimer les délits contre la foi chrétienne.

- pogrom: mot d’origine russe. Soulèvement violent, meurtrier, organisé contre une communauté juive.

-adage : maxime pratique ou juridique, ancienne ou populaire.

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29 janvier 2007

Bibliographie: Sites internet: -

Bibliographie:

Sites internet:

- www.obsdeparis.nouvelobs.com: « le Marais: du moyen-âge au quartier gay »

-www.parislemarais.com: « Paris le Marais petite histoire »

-www.mag-paris.org: « le communautarisme homosexuel »

-www.france.qrd.org: « marcher dans le gay Marais »

-fr.wikipédia.org/wiki/Secteur_sauvegarde

- fr.wikipédia.org/wiki/Gaypride

- fr.wikipedia.org/wiki/Drapeau_arc-en-ciel

- http://www.insecula.com/musee/M0109

- www.insecula.com/musee/M0128

- www.parislemarais.com

Articles/ livres:

-Le nouvel observateur du 03/03/2005: Jean-Pierre Azéma: Mon Marais

-Histoire des juifs de France

- A Paris de mai-juin 2005: l'histoire juive du Marais

- Le Figaro du mercredi 24 janvier 2001: les risques supposés du communautarisme gay

- Urbanisme de juillet-août 2004

- L'EDJ du 20 au 26 juin 1996

- Microsoft Encarta (pour Malraux notamment)

Nous avons trouvé la plupart de ces informations, notamment les articles, à "l'association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Paris historique" et au centre Georges Pompidou, dans le cion "Presse".


La plupart des photographies sont des photos d'origines (celles qui s'ouvrent en grand format). Nous les avons prises au fur et à mesure de nos découvertes dans ce quartier.


28 janvier 2007

Les auteurs de ce blog et leurs réactions: -

Les auteurs de ce blog et leurs réactions:

- Flora Marsais: "Ce TPE a été agréable à mener et s'est révéler au plan des connaissances . J'ai découvert, sous un autre angle, ce quartier dans lequel j'aime me promener. Il m'a appris et montré ce qu'était un véritable travail en équipe ( organisation, coordination, gestion du temps) et les erreurs à éviter.

- Sylvie Lopes: " Le Marais était au départ beaucoup plus inconnu pour moi qu'il ne l'est maintenant.Ce TPE m'a permis de connaître une face supplémentaire de ce quartier qui a suscité en moi une certaine curiosité. Ce sujet m'a poussé à m'interroger, à me questionner sur la problématique. A chaque fois, il fallait voir plus loin, trouver une autre raison pour expliquer les installations... Il fallait toujours approfondir et c'est ce qui m'a plu dans ce TPE, chercher à expliquer de différentes manières, en opposant des idées différentes mais toutes justes."

- Elodie Leopold: " Ce TPE sur le Marais a été très enrichissant grâce à l'étude des communautés juives et homosexuelles, particulièrement la communauté homosexuelle dont j'ignorais beaucoup de choses. Il a été bénéfique pour moi car j'ai appris aussi à  réfléchir par moi-même en me posant  des questions nécessaires à la compréhension des évènements.  Pour finir, je complète l'idée de ma camarade sur le fait que ce TPE a été agréable à mener mais aussi très instructif."

- Sabrina Bouchemoua: "J’ai appris à prendre plus de recul et avoir un œil critique sur les documents trouvés. De plus les TPE apporte une autonomie de travail et permet de sortir du cadre scolaire.Même si cela n’a pas été facile tous les jours, si c’était à refaire je le referais sans hésiter."

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Le Marais: du quartier juif au quartier homosexuel.
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